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Temps de lecture : 5 minutes

31/10/2023

Peut-on prétendre être engagé sans suivre le compte Insta d’une asso de protection des océans ? Peut-on aimer le foot sans suivre Kylian Mbappé ? PIRE : peut-on aimer la mode sans repartager Jacquemus à tout bout de champ ? Au final, nos réseaux sociaux racontent-ils qui nous sommes ? Ou est-ce que nous y racontons ce que nous voulons être ?

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Brand Strategist. La voix de quelques podcasts et le cœur brisé régulièrement par le Paris Saint-Germain.

Peter Rechou

Peut-on prétendre être engagé sans suivre le compte Insta d’une asso de protection des océans ? Peut-on aimer le foot sans suivre Kylian Mbappé ?

PIRE : peut-on aimer la mode sans repartager Jacquemus à tout bout de champ ?

Au final, nos réseaux sociaux racontent-ils qui nous sommes ? Ou est-ce que nous y racontons ce que nous voulons être ?

Regardez mes défauts, surtout si vous voyez mes qualités

En 2023, seuls quelques réfractaires s’acharnent encore à demander un numéro de téléphone lorsqu’ils rencontrent quelqu’un. À ça, on préfère — depuis pas mal de temps déjà — suivre le compte Instagram de la personne (ou autres réseaux sociaux). Preuve en est que notre présence en ligne est devenue une partie intégrante de notre identité.

Si on peut difficilement remettre en doute leur place dans notre quotidien, on peut même pousser la réflexion jusqu’à dire qu’ils ont une part importante dans la manière dont nous présentons aux autres.

En clair : s’ils sont notre reflet, nous sommes sûrement bien déformés.

Évidemment, chacun y montre plus ou moins de choses, au gré des envies et de l’aisance à se mettre en avant. Peu importe le degré de pudeur en termes d’utilisation des plateformes : du plus timide au plus démonstratif, chacun montre ce qui le met en valeur.

Et ça, même quand on joue la carte de « la transparence » (si tant est qu’elle existe).

Oui, on montre et assume désormais plus facilement les corps moins standardisés et les échecs de vie. Mais ça ne veut pas dire qu’on le fait pour les autres.

Au contraire : poster des contenus qu’on décrit, implicitement ou non, comme à contre-courant, c’est aussi se mettre en valeur.

Ici, s’en suit une question philosophique : faire quelque chose de bien pour se faire apprécier des autres fait-il perdre de la valeur à l’action ?

En d’autres termes, est-ce l’action ou l’intention qui compte ?

Et si c’est vrai pour ce que l’on poste, ça s’applique aussi à ce que l’on suit.

La vie ne tient-elle qu’à un filtre ?

Et on ne parle pas des oreilles de chien de Snapchat ou d’un effet make-up sur vos stories Insta.

Non, on parle bien du filtre strict et codifié de ce que nous voulons voir.

Au-dessus, on évoquait notre volonté d’être remarqué par le contenu que l’on post. Mais, sans surprise, on cherche aussi à être remarquable par le contenu que l’on suit.

Certes, les algorithmes y sont pour beaucoup et nous testent sans arrêt. Mais, aussi contestables soient-ils, ils nous montrent en grande partie ce que l’on demande à voir. Ou, en tout cas, ce qu’on aime voir… même si on ne l’assume pas toujours.

Vous aurez beau dire que vous n’aimez pas la télé-réalité, si vous arrêtez de scroller sur chaque vidéo de clash entre deux candidats : vous aimez voir de la télé-réalité. L’algorithme, lui, se fout de savoir si vous consommez le contenu « pour rigoler » (c’est bien l’excuse la plus répandue en la matière) ou si vous rêvez réellement de vous envoler avec eux vers Mykonos.

Passé ce que nous voulons cacher, il reste ce que nous voudrions montrer.

Si nous sommes attirés par ce qui nous semble beau, inspirant, ou intelligent, nous souhaitons surtout que cela se voie. Et ça, certainement malgré nous.

On en est certain : chacun peut le vérifier personnellement, ou dans son entourage.

Seules deux questions peuvent suffirent pour s’en rendre compte :

  1. Sur mes réseaux sociaux, pour quoi je voudrais être remarqué ?
  2. Si un de mes follow devait être un sujet de discussion qui me valoriserait, lequel je choisirais ?

Naturellement, chacun choisirait des choses qui le conforterait dans l’idée de ce qu’il voudrait rendre perceptible de son identité.

Les médias sociaux (ou plutôt l’utilisation que nous en font) nous offrent une vitrine sélective de notre identité, au risque de finalement tomber dans des sphères d’entre-soi. Ainsi, nous construisons notre identité apparente en sélectionnant soigneusement les comptes que nous suivons, créant une bulle où l’on se sent en accord avec nos propres valeurs et intérêts.

Mais si les algorithmes, conscients de nos préférences, nous servent un contenu qui nous conforte dans nos croyances et préférences existantes, on peut tout de même prendre nos responsabilités : oui, nous subissons les algorithmes… la plupart du temps pour des choses que nous avons choisi.

Orgueil et préjugés

Chacun reconnaitra que notre identité ne peut pas être pleinement exprimée à travers un fil d’actualité (et heureusement).

Notre présence en ligne est une construction délibérée, où nous choisissons ce que nous partageons et comment nous nous présentons aux autres.

Évidemment, nous avons tendance à mettre en avant les aspects de notre vie qui nous paraissent être les plus plaisants, créant ainsi une image idéalisée de nous-mêmes. Et à ça, il n’y a rien de grave… tant qu’on en reste tous tout le temps conscient.

D’ailleurs, comme on le précisait ici, cette volonté d’une identité sublimée n’est pas nouvelle. Mais cela soulève tout de même quelques questions sur l’authenticité de nos interactions en ligne. Si une bonne image de soi est évidemment importante pour entretenir notre amour-propre, il est tout de même important de souligner la potentielle fragilité de notre authenticité : où est la limite entre identité sublimée et personnage inventé ?

Il est donc crucial de trouver un équilibre entre notre identité en ligne et notre réalité hors ligne. Il semblerait que si notre identité ne peut pas être réduite à un fil d’actualité… celui-ci doit quand même nous ressembler.

À l’heure du personal branding, de l’UGC et du social selling, il est évidemment important de construire son identité en ligne. Mais attention à ne pas faire n’importe quoi : en apparaissant autrement que la personne que vous êtes “dans la vraie vie”, vous pourriez créer des aprioris qui vous desserviraient, ou sur-vendre des qualités qui feraient des déçus.